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La fille qui date
5 novembre 2014

Revivre: la belle idée de marde!

« Revivre » : la belle idée de marde! 

Décembre 2009

C’est aux tout premiers jours de ma résurrection que ma gentille mère, angoissée comme pas une, a pris sur elle de m’appeler pour « organiser les fêtes ». Il n’a rien fallu de plus pour me faire réaliser que j’avais été beaucoup trop ambitieuse et que la résurrection prévue allait devoir attendre encore un peu… 

Aux premiers mots de ma mère, j’ai compris que je n’aurais jamais dû répondre. Trop tard. Après les interrogations habituelles sur ma santé, le travail et la température, je savais que ma mère tournait autour du pot. Quelque chose la travaillait. Depuis que je ne suis plus avec Éric, ma mère me parle d’une manière beaucoup trop bizarre pour que ça coule naturellement. Elle utilise un ton pseudoemphatique mixé avec une tentative de vouloir trop montrer qu’elle n’est pas mal à l’aise du tout. C’est vraiment fatigant.

Ma mère : « Ben là, c’est parce que pour le party des Jutras, Matante Claudette pense que serait mieux de commander un buffet cette année. C’est sûr que c’est moins d’ouvrage, mais ça coute cher pis y’en reste tout le temps plein. On est pognés pour manger des sandwichs pas de croute jusqu’au jour de l’an c’est pas des farces. Je me dis que si tout le monde amène de quoi  comme l’année passée… Comment t’as trouvé ça toi l’année passée? Ah! Te rappelles-tu de la trempette de salsa avec la crème sûre par-dessus que Josée a faite là? C’était tu assez bon c’t’affaire-là? Était sensée de me donner la recette…

Je fixais mon mini bar en me demandant si c’était socialement acceptable de me faire un gin-tonic à 9 h 30 du matin.     

Ma mère : « Tu vas arriver à maison quelle date toi? J’aimerais ben ça faire un petit souper avec ton frère pis les enfants le 23. De la fondue. Je sais que t’aimes ben ça la fondue. Pis là, le 24 c’est comme d’habitude… »

 Je me contentais de lui envoyer un minimum de signaux pour qu’elle pense que je l’écoute, mais pas trop parce que ça allait l’encourager à continuer.

Ma mère: «  As-tu pensé  à ton échange de cadeaux? C’est pas évident 25 piasses hen?  C’est sûr qu’un certificat-cadeau c’est toujours  efficace, mais c’est pas ben original. Ah oui, ton père voulait que je te dise, c’est lui qui avait pigé Éric. Y sait pas trop quoi faire. Faut tu qu’il lui fasse un cadeau pareil? L’affaire c’est que là, la personne qu’Éric a pigée aura pas de cadeau. J’ai pensé acheter un cadeau en surplus. T’sais un cadeau qui fait pour un gars ou pour une fille vu qu’on sait pas ça va être pour qui… »

Et voilà! C’était sorti. C’était ça le morceau qu’elle gardait en dedans depuis le début de la conversation. Éric, évidemment!

Je m’en voulais tellement! Je ne savais pas ce qui m’avait pris. Peu importe l’élément déclencheur de cette idée de génie, elle était clairement vouée à l’échec. C’était une résolution tout à fait irréaliste que de vouloir recommencer à vivre juste avant les criss de vacances de Noël. Pourtant, j’y croyais tellement. Peut-être que la crème de menthe c’était pas la meilleure affaire pour avoir les idées claires, mais je me rappelle avoir été vraiment motivée et convaincue que l’avenir me réservait du bonheur, des fleurs pis de la musique qui fit avec tout ça. Je sais, j’aurais pas dû. Tout le monde est au courant que le temps des fêtes c’est LE pire moment de l’année pour toutes les célibataires, autant les fraiches que les endurcies.

Pour une célibataire, Noël, c’est le moment de l’année où tous les petits plaisirs et moments de joie sont gâchés par le simple fait de vivre en solo. Tu décors pas ton appart parce que, anyway, t’es toute seule à le voir pis que t’as l’impression que n’importe quel sapin serait complètement déprimé de devoir passer plus de cinq minutes dans ton salon défraichi. Tu anticipes les commentaires de tes tantes qui vont se demander comment tu fais pour exister sans avoir un homme à tes côtés.  Mais au-delà de ça, le pire du pire, c’est que tu sais très bien que cette année, t’auras personne à qui casser les oreilles en chantant à tue-tête par-dessus Céline pis sa chorale qui nous rebrassent les grands classiques de  Noël  avec un fond de clochettes pis de flute de pan. Normalement, t’aurais été excitée par tout ça. Là, non.  

Il me restait deux choix pour arriver à affronter Noël.

- Choix 1- Dire à ma famille que j’étais lesbienne. De cette manière, les gens auraient été tellement mal à l’aise que personne n’aurait osé me demander toutes les trente secondes si j’avais un « ptit chum » comme si l’avenir de l’humanité en dépendait.

- Choix 2- Partir… Hey oui! Le bon vieux déni tellement pratique et efficace en temps de crise.

Comme je ne voulais pas vivre toute ma vie en étant lesbienne juste pour fermer la trappe de mes vieilles tantes fatigantes, je devais trouver une manière d’annoncer à mère que je n’allais pas être des leurs pour les festivités tant attendues. C’est sûr que ce n’était pas une décision facile à prendre. J’allais quand même manquer la trempette salsa/crème sûre cette année.

Cette année-là, pour Noël, j’allais peut-être pas avoir de chum (ni de blonde), mais une chose était certaine, j’allais avoir ben du fun.  

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Commentaires
L
,Bonjour. Et si demain tu venais avec moi ,partir un an en balade avec un âne pour porter les affaires??!!!!!! Chiche
B
C'est tout ?<br /> <br /> J'aurais aimé en lire plus...<br /> <br /> A bientôt.
La fille qui date
  • Ça va faire 6 ans que je suis célibataire! Pourtant, je ne suis ni moche, ni grosse, ni folle (ou presque pas folle)... J'ai décidé de "dater" et ça donne de drôles de résultats (what the fuck is wrong with those guys?)
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